L’élargissement du cœur

Le 14 mars dernier, nous avons eu le plaisir d’accueillir Sheikh Amanoullah (Philippe De Vos) qui nous a parlé de la Voie Soufie Naqshbandi. Le pianiste et compositeur Théophile de Wallensbourg, qui l’accompagnait, a interprété trois morceaux de musique au piano au cours de la conférence. Plus de 90 personnes sont venues participer à cet événement, qui s’est poursuivi par une méditation soufie pendant laquelle le chant du nom d’Allah a résonné dans notre salle de prières. Une méditation de Shinnyo a clôturé la journée.

Voici quelques extraits de la présentation de Philippe De Vos :
« L’essence de l’Islam c’est la compassion. Dieu a créé le monde par le souffle de la compassion. »

« Le Soufisme est le cœur de l’Islam. Le véritable Islam est celui qui s’exprime avec le cœur. Le texte sacré du Soufisme est le Coran. Mais le Coran ne se lit pas avec l’analyse du mental. La capacité limitée de notre mental ne suffit pas pour aller dans les profondeurs de l’Essence. Il y a des choses en nous que le mental, la raison, ne permettent pas de découvrir et qui ne peuvent être perçues que par l’œil du cœur.

« Historiquement, ceux qui ont cherché à appliquer l’Islam avec le cœur ont été appelés Soufis. Ils se sont organisés en confréries, par affinités, qui ont constitué des chemins spirituels qui, comme les rivières, se déversent toutes dans l’océan. Quelles que soient les rivières, elles arrivent un jour dans l’océan, qui est la Présence divine, la Réalité.

« Quand on parvient à cette perception du réel, même le chemin qu’on a emprunté n’a plus de nom. Parfois, il est vrai, certains s’établissent dans le chemin en oubliant que celui-ci a pour finalité, non pas de s’y installer, mais de conduire à l’océan, à l’ouverture, à l’éveil, c’est-à-dire à devenir un avec la réalité des choses.

« Dans le Soufisme, il y a plusieurs degrés d’accomplissement. On fait tout d’abord l’unification en nous-mêmes (l’extinction en soi-même). Puis on crée un lien de cœur à cœur avec le Maître. On fait un avec lui, car il a déjà réalisé l’éveil et constitue donc un modèle. C’est le 1er degré de l’extinction de l’ego, celui de l’ouverture des yeux du cœur, qui nous permet de faire tomber nos masques et nous conduit à la sincérité. Ensuite, le Maître nous amène à faire un avec le Prophète qui est à un niveau plus cosmique que les différents maîtres. Puis le Prophète nous conduit à faire un avec la Présence divine, avec le réel. Quand on réalise la transparence du cœur, alors se réalise la lumière.

« Chacun représente une petite goutte de la lumière divine, tout en l’exprimant d’une façon unique. Nous croyons être différents mais, dans l’essentiel, nous sommes tous le même et tous ensemble nous sommes cette présence divine. Comme un diamant dont les facettes reflètent la lumière chacune de façon différente, chacun d’entre nous est comme un chatoiement par rapport à la Réalité. Mais il y a, en chacun, une petite fixation, un emprisonnement, qui fait partie du jeu. Toute la question est de savoir si on va pouvoir s’en libérer. En invoquant le nom de Dieu, on appelle sa présence, qui éclaire, qui dissout l’ego, qui appelle la réalité, qui nous éveille au maître intérieur. Le Soufisme rappelle toujours le chemin vers Dieu par lequel on se libère de ses propres conditionnements. Nous venons d’une vérité conditionnée ; allons vers une Vérité inconditionnelle. Nos croyances, nos concepts, nos pensées, nous conditionnent, nous enferment, alors qu’il y une fluidité permanente de la réalité. Il s’agit d’aller vers le déconditionnement, vers la libération. Le Dieu des croyances n’aide pas à cette libération ; il faut aller vers le Dieu universel et inconditionnel, dans l’élargissement du cœur.

« Dans le Soufisme, tout le sujet est d’élargir son cœur. Il n’y a pas de vraie séparation car c’est la même source de lumière qui a donné les différentes sagesses de l’humanité. La Lumière est unique mais elle s’est cristallisée de façon différente selon les époques. Au fil de l’histoire, chaque envoyé divin a reçu cette lumière divine, l’a sertie dans son cœur et l’a transmise à sa façon à l’humanité. Il est important de comprendre ces différences et de les relier les unes aux autres en étant capable d’aller vers l’universel. Il n’y a pas une religion qui ne cherche pas le Soi plutôt que le moi. Le Soi c’est la Présence divine ; le moi c’est l’ego. Notre époque est dans l’exigence d’ouverture, de l’universel.

« La Voie Soufie, c’est la présentation de l’Islam dans sa dimension universelle avec l’élargissement du coeur et la capacité à comprendre les différences. »

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